Ses moindres gestes et ses moindres paroles étaient empreints d’un étonnant mélange d’humilité et de majesté, de puissance et de calme, qui inspiraient le respect et dont j’ai longtemps cherché à m’expliquer la source. Qu’est-ce qui le rendait si différent des autres hommes et si incomparablement supérieur à tous ceux que j’avais connus jusqu’alors ?

Au début du 20e siècle, ‘Abdu’l‑Bahá, fils aîné de Bahá’u’lláh et figure centrale de la foi bahá’íe, était estimé pour sa défense de la justice sociale et la promotion de la paix internationale. Aimé et vénéré pour son service aux pauvres et aux nécessiteux ainsi que pour sa contribution aux échanges d’idées de l’époque avec les dignitaires locaux et les gouvernants, il était connu dans de nombreuses régions du monde pour sa vie de service à l’humanité.

À la chute de l’empire ottoman, qui mit un terme à une vie d’exil et d’emprisonnement, ‘Abdu’l‑Bahá, bien que âgé et faible, entreprit de longs voyages en Occident, quittant la Terre sainte où il avait vécu la majeure partie de sa vie d’adulte, pour promouvoir l’unité de l’humanité, seul antidote selon lui, aux interminables guerres et conflits.

Ses voyages en Occident ont été particulièrement bien documentés. Dans des contextes formels et informels et devant des auditoires divers, il se donna pour tâche, littéralement jour et nuit, avec un sentiment d’urgence, de propager et d’expliquer les enseignements de son père, Bahá’u’lláh. Ses causeries quotidiennes à Paris, en 1911, portant sur les éléments fondateurs de l’unité de l’humanité, sont aujourd’hui publiées dans une centaine de langues et toujours d’actualité.

Ses visites historiques en Europe, en Amérique du Nord et en Egypte, attirèrent à l’époque une attention considérable, lui valant encore plus d’admirateurs de tous horizons.

De retour de ses voyages, il contribuera à éviter une famine dans la région de Haïfa et Saint-Jean-d’Acre, pendant le conflit mondial, œuvre pour laquelle il sera distingué par le gouvernement britannique, mandataire de la Palestine.

‘Abdu’l‑Bahá était l’interprète désigné des enseignements de la foi de son père, il renforça ses doctrines, et précisa les caractéristiques essentielles de ses institutions administratives. Il fut le guide infaillible et l’architecte d’une communauté bahá’íe en rapide expansion. La perfection du comportement aussi bien personnel que social de ‘Abdu’l-Bahá constitue un véritable exemple dont chacun peut s’inspirer.

‘Abdu’l‑Bahá affirma autant par sa vie que par ses paroles, qu’il était d’abord et avant tout un serviteur à l’égard de chacun, ainsi qu’un promoteur de la paix et de la réconciliation, un avocat de l’unité de l’humanité.

Baháʼuʼlláh écrivit ces mots dans la Tablette du pays de Bá, une lettre adressée à son fils ‘Abdu’l‑Bahá :

Version chantée de la Tablette du pays de Bá

Béni, doublement béni est le sol que foulent ses pas, l’œil qu’enchante la beauté de son visage, l’oreille qui a l’honneur d’entendre son appel, le cœur qui goûte à la douceur de son amour, la poitrine qui s’enfle à son souvenir, la plume qui célèbre sa louange, le parchemin qui témoigne de ses écrits.

Malgré les honneurs qui lui étaient faits, ‘Abdu’l‑Bahá indiqua toujours clairement que Bahá’u’lláh, la Perfection bénie, était la source de sa pensée. Son nom signifiant « Serviteur de Bahá », il écrivit lui-même :

Mon nom est ‘Abdu’l-Bahá. Ma qualité est ‘Abdu’l-Bahá. Ma réalité est ‘Abdu’l-Bahá. Ma louange est ‘Abdu’l-Bahá. L’assujettissement à la Perfection bénie est mon diadème glorieux et resplendissant, et la servitude envers la race humaine tout entière est ma perpétuelle religion […] Je n’ai point de nom, de titre, de mention, de louange autre que ‘Abdu’l-Bahá et je n’en aurai jamais d’autre. Ceci est mon ardent désir. Ceci est mon aspiration la plus profonde. Ceci est ma vie éternelle.
Ceci est ma gloire sans fin.
‘Abdu’l‑Bahá fut reconnu comme l'incarnation et
l'exemple des enseignements de Bahá’u’lláh
L’unité de la foi bahá’íe : Le Báb, Bahá'u'lláh, ‘Abdu’l-Bahá, Shoghi Effendi et la Maison universelle de justice